The game
Dimanche 9 septembre 2007
entre 4h et 8h du mat'...
Visiblement, les mecs n'ont pas appréciés et on s'est fait chopper. On est deux. On a essayé de s'enfuir mais ils ont été plus rapides. Ils nous ont coincé dans cet espèce d'atelier envahi de cartons et de rouleaux de papiers. Ils nous disent qu'on va se faire lyncher, que tout le monde va se foutre de notre gueule et qu'on ne va pas s'en tirer comme ça. Je n'y crois pas une seule seconde. Je me sens comme à une cérémonie de bizutage : les mecs veulent nous faire flipper, mais derrière c'est du vent.
Sauf que là, on est à l'armée...
Les mecs qui nous ont pris sont des troufions de base comme nous. Ils n'ont même pas eu besoin de recevoir des ordres, ils appliquent la règle : quand un mec fait une connerie, il paye, on l'humilie. Ils nous encerclent et fouillent dans les cartons. Je ne cherche même pas à m'enfuir. Ils me tiennent fermement et ils sont trop nombreux. Aussi, je suis curieux de savoir ce que sera notre sentence.
En fait, je ne sais même plus exactement ce qu'on a pu faire comme bêtise. Deux mecs me collent une sorte d'affiche publicitaire sur le ventre et une autre dans le dos, ils les agraffent sur les côtés. Mes bras sont coincés dans les affiches mais je me laisse faire. Je ne regarde pas ce qu'il y a sur l'affiche, mais visiblement, ça fait rire tout le monde. Je m'en fous.
Le mec qui était avec moi subit le même traitement. En y réfléchissant, je me rends compte que je ne le connais pas vraiment en fait. On nous demande de tenir un rouleau de papier long d'un mètre en travers de la bouche et de nous déplacer comme ça. Ca m'énerve, mais je finis par obéir. De toutes façons, je n'ai pas le choix.
On traverse tout l'atelier devant tout le monde. J'entends des moqueries, mais je me sens étrangement calme. Je vis tout ça avec détachement. J'ai déjà pris ma décision...
Je vais déserter. Je ne sais pas comment, mais je sais que je le ferai.
Hors de question de rester ici, je n'ai rien à y faire. On arrive à la cuisine. Je n'ai aucune idée de comment je vais m'enfuir, mais je veux le faire très rapidement. On me laisse devant le chef cuisinier qui fait quelques remarques hautaines sur mon attitude. Je ne l'écoute pas.
Il prépare des confitures de fraises. Ouais, à l'armée, on fait même ses confitures soi-même. Je réfléchis aux provisions que je devrai emporter dans mon sac. Pain, confiture (trois pots au fond du sac, pas plus), sauciflard... Ca devrait me permettre de tenir deux jours sans poblèmes. C'est largement suffisant.
J'attends que le chef-cuisinier me donne des instructions. Je n'ai pas l'intention de prendre une quelconque inititative. Je réfléchis. Je ne serai pas le premier à déserter, ni le dernier et la caserne doit être préparée à ça. Des sentinelles doivent surveiller les allers et venues de l'extérieur. Il faut que j'étudie ça.
Je me demande également ce qui arrive au déserteurs qui se font chopper. Vont-ils au trou ? Il faut que je sache ce qu'il en est et que je m'y prépare psychologiquement au cas où ça arrive...
...
... et dire qu'au départ tout ça n'était qu'un jeu.
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