Le couloir de la mort
Dans ma tête, je l'appelle comme ça, bien que ça puisse paraître exagéré...
Il s'agit d'un long couloir dans le métro de la Gare de Lyon à Paris. Il relie les quais de la ligne 1 à l'enceinte des RER A et D. Il est longé par des magasins de vêtements (très chers) et de bouffes. On y trouve aussi un photomaton crade.
Je déteste traverser ce couloir. Surtout le matin, pour aller au boulot. Il y règne une sorte de chaleur lourde et étouffante. J'en ressens une sorte de malaise sourd et diffus, ma peau transpire et m'irrite. Aux heures de pointe, il est blindé de monde. Les gens s'y bousculent. Le plafond est bas. Avant les escalators menant aux RER, il se dégage de la sandwicherie une odeur écœurante de petits pains au chocolat industriels. Je me dépêche alors de rejoindre le quai du RER A avec son air frais (et pollué).
Depuis 6 ans que je le traverse, il y a toujours cette même femme qui y fait la manche. Elle est polie et semble attirer la sympathie des gens. Du côté des escalators, il y a aussi un black qui est allongé dans les escaliers, pieds nus, il regarde les gens passer.
Le soir, dans le sens inverse (du RER à la ligne 1), ce couloir est moins oppressant. Une vieille femme aveugle y chante régulièrement des chansons d'Edith Piaf. De loin, on entend sa voix triste et fatiguée. Son timbre est juste, la hauteur des notes aussi, mais son chant n'a plus aucune conviction, il est vide de toute couleur et de vie. Comme si chaque couplet allait être le dernier...
... le couloir de la mort donc.