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Twister City
15 octobre 2008

Psychanalyse des contes de fées - Bruno Bettelheim - 1/2

psyfeeJe viens de terminer de lire "Psychanalyse des contes de fée" de Bruno Bettelheim.

L'auteur, psychanalyste, a publié cet essai en 1976 après avoir abandonné un école orthogénique qu'il dirigeait à Chicago.

Il décortique donc l'univers des contes de fée à la recherche de sens caché qui parlerait à l'inconscient du lecteur. Ces significations sous-jacentes indiqueraient donc un chemin à l'enfant pour l'aider à s'épanouir et résoudre ses questions intérieurs.

Bruno Bettelheim oppose le conte de fée (optimiste, qui s'adresse aux enfants) au mythe (tragique, qui s'adresse à l'adulte) ou à la fable (moraliste).

Il analyse des contes tels que "Les Trois Petits Cochons", "Boucle d'Or", "Frérot et Soeurette", "Blanche-Neige" "Cendrillon", "La Belle aux Bois Dormants", "Le Petit Chaperon Rouge", "La Belle et la Bête" etc...


Voici mon avis sur ce bouquin...

Sur la forme, déjà, je l'ai trouvé très accessible.

Tout est explicité, même des théories comme le complexe d'Oedipe. Tout cela facilite donc grandement la lecture et permet à tout un chacun de comprendre ce qu'il lit et, le cas échéant, de se faire sa propre opinion. Je trouve que c'est un point très positif pour ce genre de littérature. Tout est clair pour peu qu'on prenne le temps de réfléchir à ce qui est écrit.

Sur le fond, je suis plus partagé.

Les interprétations de Bruno Bettelheim sont sans conteste intéressantes. La plupart des aspects de ses démonstrations me semblent pertinents. Cependant j'ai quand même trouvé sa vision assez réductrice et beaucoup trop empreinte d'un dogmatisme freudo-psychanalytique.

Si on lit une biographie de Bruno Bettelheim, on constate qu'il a écrit ce livre après son départ d'un centre dans lequel il s'occupait d'enfants autistes. On pourrait donc en déduire que ses observations sur ces enfants ont dû l'influencer dans ses recherches. Aussi à la lecture du livre, j'ai senti qu'on ne parlait pas des enfants en général mais d'une sous-catégorie : des enfants qui auraient des problèmes avec leur environnement. Or ça me semble être un mauvais raccourci.

Je trouve aussi qu'il accorde trop d'importance aux contes de fée. On pourrait croire que sans conte de fée, l'enfant auraient plus de difficulté à s'épanouir dans sa vie. Ca ne me semble pas vrai.

Deuxièmement, Bruno Bettelheim part du principe que l'enfant va systématiquement s'identifier au héros (et jamais aux autres personnages, comme le méchant ou un personnage secondaire). Or je pense qu'un enfant peut aussi s'identifier à un autre personnage (comme par exemple le loup dans le Petit Chaperon Rouge) et que le conte prend ainsi une toute autre signification.


La suite de la critique dans un prochain post.

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Commentaires
E
Bonjour,<br /> le pire dans tout cela c'est que les contes de fées n'ont jamais été racontés pour les enfants !<br /> la culture rationnelle actuelle les a "relégués" là car elle ne sait pas quoi en faire vu que le mode de penser des contes est bien enfoui dans l'inconscient et que le conte procède d'un mode de penser plus archaïque que la pensée objective, rationnelle;
Z
Je suis d'accord avec toi pour la question de la "manifestation de l'amour".<br /> <br /> Mais le conte de fée ne me paraît pas être suffisant pour être le vecteur de cet amour.
S
"(...) j'ai trouvé qu'il mettait vraiment le conte de fée sur un piédestal, genre si on prive l'enfant de contes de fée, il pourrait mal s'épanouir. C'est bizarre."<br /> <br /> Pas vraiment de conte de fées, mais si l´on prive l´enfant d´amour (et je dirai plutôt: de manifestation d´amour), et de confiance en l´avenir, si on ne lui fait pas ressentir que toutes ses anxiétés sont passagères, il aura du mal à croire en soi-même plus tard.<br /> <br /> Je connais qlqn qui, étant enfant, a été privé d´amour et a vu, à plusieurs reprises, son père battre sa mère. Plus tard, déjà adulte, il se réfugie dans l´astrologie... C´est exactement ce que Bruno avertit au début de son ouvrage !<br /> <br /> Il est opportun de souligner que une des manières les plus directes de faire comprendre aux enfants l´épanouissement dont ils sont capables est en leur racontant des histoires symboliques et non en leur disant que, dans quelques années, ils seront grands, et patati patata...
K
Je reprends cette phrase:<br /> <br /> "Bruno Bettelheim part du principe que l'enfant va systématiquement s'identifier au héros (et jamais aux autres personnages, comme le méchant ou un personnage secondaire). Or je pense qu'un enfant peut aussi s'identifier à un autre personnage (comme par exemple le loup dans le Petit Chaperon Rouge) et que le conte prend ainsi une toute autre signification."<br /> <br /> Et là, j'aimerais signaler quelque chose. Si BB part du principe que..., ce n'est pas arbitraire, mais vient d'une observation profonde, référencée, et confortée par l'expérience. Eh ! Le psychanalyste, c'est lui ! Les années de travail avec les enfants et les enfants autistes, c'est lui ! Donc il sait ce qu'il dit.<br /> <br /> De mon expérimentation personnelle des contes et des symbolismes divers, de la relation qu'on entretient avec eux, il ressort que, invariablement un individu quel qu'il soit s'identifie au héros, si secrètement que ce soit dès qu'il s'agit d'un conte de fée. (C'est différent avec une BD ou un film).<br /> Parce que le conte de fée est fait pour, pas exprès et volontairement pour: c'est tout simplement son essence.<br /> <br /> Un conte de fée n'est pas une histoire inventée par un seul. Un conte de fée est une histoire née de l'inconscient collectif. Il ne vient pas d'une tête et d'un stylo. Il a fait son chemin à travers les âges et les imaginations, les inconscients, jusqu'à ce que l'histoire se stabilise dans une forme relativement définitive (avec toutefois des variantes qui subsiste).<br /> <br /> Je veux dire par là que le petit chaperon rouge, comme hand le hérisson, les trois petits cochons, etc ... représente tous une dimension intérieure, commune à tous, dans laquelle par définition et par essence le héros, le "moi" est soumis à une initiation, un passage d'un état de conscience de lui-même à un autre. <br /> <br /> Le conte est un miroir pour l'individu et les relations qu'il entretient avec son monde intérieur et les reflets que lui renvoie ses aventures dans le monde extérieur.<br /> <br /> Le conte met invariablement en route ce processus d'identification. C'est précisément pourquoi il suscite une telle fascination chez les enfants (et les plus grands) qui ressentent intuitivement principe d'évolution contenu dans l'histoire à la condition sine qua non d'être dans la peau du héros. Sinon, ça n'atteint pas son but. Donc inconsciemment, on s'identifie au héros.<br /> <br /> Si tu pouvais en faire l'expérience, tu vérifierais que chacun s'identifie au héros: c'est comme ça ! Le problème serait dans la façon de s'y prendre pour le vérifier parce que ce n'est pas en posant purement et simplement la question qu'on obtient la vraie réponse;).Il s'agit quand même d'être conscient de son inconscient !<br /> BB lui avait les moyens de le vérifier et il n'est pas le seul de son métier à l'avoir fait.<br /> <br /> mais il est bien entendu que le lecteur s'identifie à la fois à tous les autres personnages comme à des composants de sa psyché. Mais il tourne autour du héros, autour du moi dont ils sont des attributs.:*<br /> <br /> Plutôt que de remettre en question l'affirmation de BB -ce qui au demeurant est légitime et sympathique- il y aurait à le prendre comme postulat et voir comment ça bouge en soi.
C
[quote ZEL;18595559;- le 27 octobre 2008 à 13:53]<br /> [quote Valentine;18330488;- le 17 octobre 2008 à 13:33]J'imagine que l'identification aux héros et plus aisé pour les enfants (même si pas obligatoire) car dans la construction même du conte de fée, on passe plus de temps à suivre le héros, donc plus proche.[/quote]Oui, en effet. Mais par exemple, en ce qui me concerne, pour "le Petit Chaperon Rouge", je dtéestais la fin où ils mettaient des pierres dans le ventre du loup pour le tuer. Du coup, après, je m'identifiais au loup.[/quote] En ce qui concerne cette identification au héros, il la fait passer comme quelque chose d'inévitable pour l'enfant et comme une action libératrice. Il dit que par cette identification, l'enfant assouvit ses envies d'héroïsme et peut triompher du mal, ce qu'il ne peut pas dans la réalité selon lui.<br /> <br /> [quote][quote Valentine;18330488;- le 17 octobre 2008 à 13:33]L'importance qu'il accorde au conte vient peut-être que traditionnellement, ceux sont les parents qui les lisent, donc favorise la relation parent-enfant.[/quote]Oui, y'a ça effectivement. Mais j'ai trouvé qu'il mettait vraiment le conte de fée sur un piédestal, genre si on prive l'enfant de contes de fée, il pourrait mal s'épanouir. C'est bizarre.[/quote] Cette question de le relation parent-enfant est bien sûr abordée dans le livre, mais il n'associe pas,explicitement du moin,la tradition à cette relation parent-enfant. Pour lui, justement, le conte de fée suppose cette relation comme déjà établie et prête à évoluer par cette relation commune aux contes de fées. <br /> Je suis tout a fait d'accord sur le fait qu'il met carrément le conte sur un puédestal et le considère comme vital. Mais justement, je pense que dans un sens il a peut-être raison. Je m'explique: si la prohibition de l'inceste n'existaiT pas, le monde n'existerait pas, ou du moins les relations sociales seraient carrément autres et compromettraient le monde.Freud, Levi-Strauss, Lacan, mon propre professeur d'histoire des idées et d'autres seraient d'accord avec moi; ou plutôt avec mon professeur d'histoire des idées car il nous a donné un exemple parlant pas plus tard que la semaine dernière : quand il était petit, il demandait chaque soir s'il pouvait dormir dans le lit conjugal de ses parents. La mère était sceptique, jouant son rôle de mère surprotectrice, et le père a bien sûr refusé, respectant le "non" du père définit par Freud à la fin de sa vie. Par ce refus, le père pousse son fils a trouvé ce qu'il n'a pas à la maison : le lit d'une femme même si ce n'est pas celui de la mère. Ainsi, la prohibition de l'inceste permet l'épanouissement social, et pourquoi pas sexuel de mon cher professeur (c'est ironique !!^^).<br /> Par cette théorie, vous comprendrez que votre réflexion me rend sceptique :<br /> <br /> [quote]Ou s'il y a une quelconque ambiguité incestueuse, je pense qu'elle serait du fait du père et pas de la fille. Pour moi, il est normal qu'un enfant aime ses parents et cherche à les séduire, il a besoin d'eux. En revanche l'inverse n'est pas vrai.<br /> <br /> Donc, je ne suis pas d'accord quand il dit que la fille peut être à l'origine de la jalousie de sa mère.[/quote] <br /> <br /> [quote] Il est normale qu'une fille puisse pêtre complice avec son père (ou n'importe lequel de ses parents)[/quote]<br /> Freud définit dès le début qu'il ya ambiguité que pour le parent de sexe opposé. C'Est-a-dire que, pour lui, seul peut-être ambigüe une relation père-fille et mère-fils.<br /> <br /> Voilà tout ce que j'avais a dire !! C'est certain: c'est une très bonne lecture qui m'a personnellement appris beaucoup !!
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