Psychanalyse des contes de fées - Bruno Bettelheim - 1/2
Je viens de terminer de lire "Psychanalyse des contes de fée" de Bruno Bettelheim.
L'auteur, psychanalyste, a publié cet essai en 1976 après avoir abandonné un école orthogénique qu'il dirigeait à Chicago.
Il décortique donc l'univers des contes de fée à la recherche de sens caché qui parlerait à l'inconscient du lecteur. Ces significations sous-jacentes indiqueraient donc un chemin à l'enfant pour l'aider à s'épanouir et résoudre ses questions intérieurs.
Bruno Bettelheim oppose le conte de fée (optimiste, qui s'adresse aux enfants) au mythe (tragique, qui s'adresse à l'adulte) ou à la fable (moraliste).
Il analyse des contes tels que "Les Trois Petits Cochons", "Boucle d'Or", "Frérot et Soeurette", "Blanche-Neige" "Cendrillon", "La Belle aux Bois Dormants", "Le Petit Chaperon Rouge", "La Belle et la Bête" etc...
Voici mon avis sur ce bouquin...
Sur la forme, déjà, je l'ai trouvé très accessible.
Tout est explicité, même des théories comme le complexe d'Oedipe. Tout cela facilite donc grandement la lecture et permet à tout un chacun de comprendre ce qu'il lit et, le cas échéant, de se faire sa propre opinion. Je trouve que c'est un point très positif pour ce genre de littérature. Tout est clair pour peu qu'on prenne le temps de réfléchir à ce qui est écrit.
Sur le fond, je suis plus partagé.
Les interprétations de Bruno Bettelheim sont sans conteste intéressantes. La plupart des aspects de ses démonstrations me semblent pertinents. Cependant j'ai quand même trouvé sa vision assez réductrice et beaucoup trop empreinte d'un dogmatisme freudo-psychanalytique.
Si on lit une biographie de Bruno Bettelheim, on constate qu'il a écrit ce livre après son départ d'un centre dans lequel il s'occupait d'enfants autistes. On pourrait donc en déduire que ses observations sur ces enfants ont dû l'influencer dans ses recherches. Aussi à la lecture du livre, j'ai senti qu'on ne parlait pas des enfants en général mais d'une sous-catégorie : des enfants qui auraient des problèmes avec leur environnement. Or ça me semble être un mauvais raccourci.
Je trouve aussi qu'il accorde trop d'importance aux contes de fée. On pourrait croire que sans conte de fée, l'enfant auraient plus de difficulté à s'épanouir dans sa vie. Ca ne me semble pas vrai.
Deuxièmement, Bruno Bettelheim part du principe que l'enfant va systématiquement s'identifier au héros (et jamais aux autres personnages, comme le méchant ou un personnage secondaire). Or je pense qu'un enfant peut aussi s'identifier à un autre personnage (comme par exemple le loup dans le Petit Chaperon Rouge) et que le conte prend ainsi une toute autre signification.
La suite de la critique dans un prochain post.