Sachets de thé - jeudi 22 mars 2001
Je suis tranquillement assis sur mon siège, au bureau, mon écran 21 pouces sous les yeux. Mon environnement de travail est un véritable foutoir : des papiers qui trainassent de partout, ma calculatrice, un téléphone, des bouquins sur ma gauche (ainsi que mon cher dico anglais/francais), un pouce gonflable, une maison Kinder, des CD's, de la doc', mon block-notes, des post-it's, des babioles, des machins, des trucs et des bidules...
Et puis surtout... Entre mon clavier et mon écran...
J'ai ma tasse de thé soigneusement déposée sur un sous-bock, piédestal plastifié de son état.
D'enfer...
Sur ma gauche, il y a la fenêtre à travers laquelle je puis voir le paysage du dehors. Le mini-jardin, le rond-point, la route et au-delà, des champs à perte de vue. Liberté, évasion...
Devant moi, en détournant mon regard à droite de mon écran, j'ai le collègue avec qui je bosse. Ce mec est un lion. Il a une énorme barbe et est baraqué comme un camion, avec des bras aussi épais que mes cuisses. Il est plutôt coolos. Sur ma droite, j'ai deux autres collègues, sans plus de commentaires.
Dans mon dos, j'ai un autre mec. Ouais, c'est celui qui m'avait envoyé un email pour me dire d'arrêter de siffler au lieu de se tourner pour me le dire en face. On n'a pas encore réglé nos comptes.
Voilà, j'ai fini de boire mon thé.
C'était un thé anglais, my Lord. De la merde je pense, car il est fourni gratos par la boîte. Quoiqu'il en soit, j'aime bien.
Je contemple ma tasse de thé et, comment d'habitude, je me sens pris de cet irrésistible fantasme. C'est quelquechose dont je n'arrive pas me débarrasser, une sorte d'envoûtement... Une drogue... Je n'ose le faire, mais la tentation est insoutenable.
Je me penche au-dessus de la tasse et regarde avidement le sachet trempant dans une flaque de thé froid. Le sachet est encore tout imbibé. L'appel est irrésistible ! Je...
Ouais, alors...
Contrairement aux autres, je laisse mon sachet de thé dans mon thé lorsque je le bois... Mes collègues anglais prennent leur sachet, le trempe dans leur eau chaude, remue dix secondes et balancent le sachet à la poubelle.
Je pense que c'est un gachis effroyable ! Je laisse toujours mon sachet dans mon thé, car tout l'arôme, toutes les vitamines, tous les oligo-éléments, toute la saveur, tout le parfum, bref la quintessence même du thé s'y déversent continuellement pendant que je le bois.
Passons...
... car finalement, le fin du fin, l'ultime plaisir, le huitième Péché jamais avoué, l'incarnation du nirvana.....