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Twister City
12 mars 2006

"La part de l'autre" - Eric-Emmanuel Schmitt - 4

Suite de ma critique sur le livre "La part de l'autre" d'Eric-Emmanuel Schmitt.


Et ce que je trouve le plus regrettable : c'est que Schmitt n'ait que trop peu abordé la seule chose qui relie les deux personnages de Hitler. Et ce qui relie ces deux personnages, ce n'est ni plus ni moins que leur enfance et adolescence.

Schmitt parle plusieurs fois de la haine de Hitler envers son père, mais il n'approfondit pas : on ne sait pas d'où ça vient et pourquoi.

C'est d'autant plus grave que Hitler a forcément été marqué pour son passé avant d'avoir passé son admission. Et c'est un passé très lourd. Pour résumer son enfance, Hitler était quotidiennement battu par son père. Par exemple, en comptant mentalement les coups qu'il recevait, Hitler avait réussi par ne plus du tout les sentir et à se couper de sa propre souffrance. Sa mère ne lui venait pas en aide. Et Hitler a vécu dans une famille ou plusieurs de ses frères et soeurs sont morts (dont une soeur qui aurait été la seule personne à lui montrer de l'amour).

Bref, Hitler a vécu toute son enfance dans la violence au point qu'il ne sentait plus sa propre souffrance (dans ces conditions, comment pouvait-il sentir celle qu'il infligeait aux autres ?). De plus, personne ne lui avait montré d'amour. Ca lui aurait permis de relativiser et comprendre l'injustice de la violence dont il était victime (et également celle qu'il infligeait aux autres par la suite). Tout ceci n'est absolument pas mentionné par Schmitt alors que c'est, à mon sens, capital pour bien cerner le personnage de Hitler. Il n'est pas exagéré de dire que tout ce que Hitler a vécu dans son enfance se retrouve plus tard dans son comportement et certaines décisions politiques qu'il a prises.

Aussi, je reste perplexe quant au réel bénéfice des quelques visites chez Freud et de l'initiation sexuelle quotidienne avec le modèle (voir mes commentaires précédents). Je ne pense pas qu'une éducation sexuelle auprès d'une femme mûre suffisent à un homme comme Hitler pour l'aider. Ca pouvait même encore plus le perturber, vu qu'elle cherche à l'éduquer à procurer du plaisir à une femme. Cette approche est très freudienne et porte selon moi la marque caractéristique de l'endoctrinement psychanalytique.

Or, je pense que ce n'est pas d'une éducation dont il avait besoin (bien au contraire), mais plutôt de quelqu'un qui l'écouterait et qui aurait été le témoin des souffrances de son enfance. Ceci lui aurait permi de prendre du recul vis-à-vis des violences qu'il avait subies, et lui permettre de ne pas les reproduire injustement sur autrui.

En revanche, l'idée d'un Adolf H. s'exprimant à travers la peinture me semble bien exploitée.

Evidément, ce n'est pas simple de décrire une histoire pareille où on invente ce qui aurait pu se passer si Hitler avait obtenu son admission. Et je pense qu'au niveau historique, Schmitt s'en sort très bien. Mais quel message fait-il passer en construisant son récit comme il l'a fait ? Le message positif du récit, c'est que l'intégration d'un homme dans la société peut changer son destin pour le meilleur malgré les difficultés qu'il rencontrera ensuite ? Mais n'est-ce pas un peu naïf surtout quand on voit que finalement son récit est un jugement global sur la vie véritable de Hitler qu'il compare à la vie d'un Adolf H. fantôme romantique qui en bave mais qui reste courageux et bon jusqu'au bout ? Mais s'il s'agit du jugement de Hitler, n'importe qui est capable de le faire. Le récit de Schmitt n'apporte finalement rien de plus.

En somme, il aurait été intéressant de voir comment un homme avec un passé très lourd fini par s'en sortir après avoir obtenu son admission à l'académie (une intégration sociale). Mais sans perdre de vue que le personnage doit porter seul une enfance brisée par la violence de son père, et que raconter des pirouettes comme la rencontre avec Freud et la pure initiation sexuelle avec la modèle détruisent complètement la vraisemblance du récit.

C'est très dommage...


Fin de ma critique.
Je poste ici quelques références :

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Commentaires
A
je n'ai pas encore lu le livre mais j'étudie l'histoire d'hitler et je trouve ta critique très intéressante et pertinante;je n'aime pas lire en général et il vrai que concernant un personnage tel qu'Hitler. il est très important, je pense, de rester vraisemblable et de tenir compte de sa base, son enfance ! d'autan que freud y prête une attention particulière et comme il est sité par EEschmitt, ça rend le réçit un peu plus incorrecte encore. ne pas être arbitraire, pour ça il aurait du tenir compte de cet élément au combien important de la vie d'hitler pour construire Adolphe H. Merci pour ce petit racourci !
Z
Désolé ahl, j'ai modéré ton commentaire (je l'ai effacé).<br /> Pas pour des questions d'opinion (tu penses ce que tu veux et tu l'exprimes comme tu veux aussi), mais parce que je crains que ton commentaire m'attire des emmerdes, et qu'on se méprenne sur le message de ma critique.<br /> a++
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